Exemple d'introduction - Sujet n°3 (Breton ; poésie)

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Introduction au sujet de dissertation n°3 (citation d'André Breton)

NB :  Les étapes successives de l'introduction sont indiquées entre crochets.


[phrase d'accroche :] La rencontre avec certaines œuvres ressemble à une rencontre amoureuse, même exaltation, même plénitude, même impression de reconnaissance. Breton et les surréalistes pratiquent ce que Gracq nomme une « critique d’émotion », dont le but est de faire ressentir au lecteur en quoi l’on aime l’œuvre rencontrée. [présentation du sujet : ] C’est le cas avec la lecture que Breton fait de l’œuvre d’Aimé Césaire, Cahier d'un retour au pays natal, parue en 1939. Breton rédige en 1943 un texte où il évoque sa lecture de ce poème, et qui deviendra la préface de l’édition de 1947.  Il y exprime l’émotion intense qu’il a ressentie à la lecture de ce texte, dans lequel il retrouve les principes de sa propre conception de la poésie : « On y reconnaîtra ce mouvement entre tous abondant, cette exubérance dans le jet et dans la gerbe, cette faculté d’alerter sans cesse de fond en comble le monde émotionnel jusqu’à le mettre sens dessus dessous qui caractérisent la poésie authentique par opposition à la fausse poésie, à la poésie simulée, d’espèce vénéneuse, qui prolifère constamment autour d’elle. Chanter ou ne pas chanter, voilà la question et il ne saurait être de salut dans la poésie pour qui ne chante pas, bien qu’il faille demander au poète plus que de chanter. » [analyse rapide du sujet :] Il s’agit d’une critique enthousiaste et admirative : Breton utilise en effet des images fortes (celles du jet et de la gerbe notamment), des formules absolues et péremptoires (comme la transformation de la fameuse alternative shakespearienne, to be or not to be, appliquée au chant poétique), ainsi qu’un ton que l’on pourrait qualifier de prophétique (il parle notamment de « salut »). Ce que Breton reconnaît dans la poésie de Césaire, c’est le grand chant, le chant sublime (ces termes sont d’ailleurs en italiques). Ce chant est une condition nécessaire, mais pas suffisante. Le poète doit en effet rechercher également à produire un certain effet sur la sensibilité du lecteur (« plus »). Il s’agit d’aller au-delà du sens strictement musical du « chant », et de créer une résonance qui dépasse la portée esthétique. [problématique :] Cette pensée de Breton, fondée sur la subjectivité d'un rapport émotionnel au lecteur, peut-elle définir de manière satisfaisante la poésie ? [présentation du plan] Pour répondre à cette question, nous commencerons par analyser la poétique du chant dont Breton évoque ici les caractéristiques. Nous pourrons ensuite envisager le chant en tant qu'éthique, en montrant en quoi la pensée de Breton implique une forme d'engagement éthique de la part du poète. Enfin, nous tenterons de nuancer cette réflexion autour d'une redéfinition des contours de la notion de chant.

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